Killer Party, « Petits meurtres entre amis »

Publié le par Brigand de Brigand

Killer Party est, comme son nom l’indique, un jeu où il faut assassiner ses adversaires les uns après les autres pour l’emporter. Entre coups de maître et coups de pute, il faudra être très fin pour être le survivant et prendre un selfie avec ses amis morts.

En rouge et noir, ta tête dans le hachoir.

En rouge et noir, ta tête dans le hachoir.

Les règles du duel

J’ai eu pour mon anniversaire le jeu de société « Killer Party, Méfiez-vous de vos meilleurs amis », et effectivement, j’aurais dû me méfier puisqu’il est parti avec ma femme et mes deux gosses… mais je m’égare. Killer Party fait partie de ces petits jeux de société qui tiennent dans une poche (une grosse poche, certes) et dont les règles du jeu sont très faciles à comprendre. Par contre, c’est tout sauf un jeu rapide : en regardant les règles, j’ai eu un choc : 4 heures pour les parties rapides, une après-midi et une soirée pour les parties moyennes et un week-end/plusieurs jours pour les parties longues. Alors, évidemment vous vous dites que ça fait un peu beaucoup mais Killer Party est un jeu « fil rouge », soit un jeu qui ne nécessite pas d’être assis en cercle autour d’un plateau en réfléchissant à quel mot on peut faire avec un W et K (non, Wakanda ça ne compte pas, T’challa), mais qui permet de faire toute autre chose en même temps.

                Le principe est assez simple : chaque participant a une mission à remplir, qui entraînera la mort de sa cible. Il doit faire, dire, faire faire ou faire dire, un mot, un geste (et Jacky fait le reste) à sa victime. Une fois l’ami mort, on le soulage de sa mission, de sa cible (et éventuellement de son portefeuille) et on tente de la remplir, jusqu’à ce qu’il ne reste en lice qu’un seul et unique participant. Le mieux est donc d’être quand même une petite dizaine, sinon on peut très vite tourner en rond. Un code couleur donne des indications sur les missions à réaliser : certaines nécessitent un endroit en particulier (une salle de bains, des toilettes), d’autres se jouent en extérieur.

                Quand j’ai eu le jeu, j’ai vraiment accroché au concept, en imaginant un peu l’ambiance qui allait s’installer, et on a tout de suite convenu qu’il fallait tester ça dans une soirée vraiment festive, où on serait suffisamment nombreux : c’était vendu pour le réveillon du 31 décembre. Comme chacun avait envie de tester le jeu, on a préféré jouer sans maître du jeu. Le maître du jeu distribue les missions et s’assure qu’elles ont bien été remplies, se fait chier parce qu’il ne joue pas, s’endort et se réveille avec des jolis pénis dessinés à l’indélébile sur le front. On l’a fait à l’ancienne, tirage de cartes et tirage de papiers délicatement pliés, avec les noms de chacun inscrits, déposés soigneusement dans une boîte vide de chipsters, et roulez jeunesse ! On pouvait commencer.      

Joueur décédé lors d'une partie en extérieur.

Joueur décédé lors d'une partie en extérieur.

Meurtre au pied du citronnier

                J’avais lu çà et là que le jeu amenait une petite ambiance spéciale, et je dois dire qu’on n’a pas été déçus. Une fois que chacun a eu sa mission, on s’est tous regardé les uns après les autres, avec un peu de peur dans les yeux. Ambiance les huit salopards, huis clos tendu à la Polanski, petits fours et coups de poignard dans le dos. Avec évidemment l’appréhension supplémentaire d’être le premier à tomber, le figurant bidon, celui sur qui s’abattront billevesées et coquecigrues (même si techniquement, les morts n’ont pas d’oreilles (enfin si, ils ont des oreilles, mais ils n'entendent plus)). Alors pendant une trentaine de minutes, chaque geste est suspect, chaque conciliabule douteux, chaque parole paraît subitement louche : on refuse une cigarette, on ne trinque pas, on ne laisse personne passer dans son dos. Clairement, une ambiance un peu malsaine s’est installée et avec le recul, c’est vraiment très drôle. Surtout quand on s’amuse à faire croire qu’on a réussi notre mission alors que pas du tout.

                On a opté pour une partie médium, qui a duré environ 4 heures. Au bout d’un moment, les coupes de champagne aidant, on pense à autre chose et on est plus détendu (je ne compte plus le nombre de fois où j’ai oublié la phrase précise que je devais prononcer pour tuer ma victime). Finalement, la première mort a été constatée au bout d’une bonne heure de jeu. La mission était de faire ingérer à la victime une boisson ou un mets dans lequel le tueur aurait préalablement versé quelques gouttes de citron: ce qui tombait plutôt bien lors d’un repas de Nouvel An, avec huîtres et saumon. Là-dessus, il est clair que la difficulté des missions dépend largement du contexte : difficile de remplir celle-ci si ça se passe chez un copain qui n’aime ni le gin tonic ni les tartes meringuées, ni les messages écrits à l’encre sympathique.

L'arme du crime. A côté un couteau de cuisine ensanglanté.

L'arme du crime. A côté un couteau de cuisine ensanglanté.

Tués en série

                Ce qui est marrant, quand la première victime a trépassé, c’est ce ouf de soulagement général, signe que chacun se détend davantage, quitte à finalement ne plus être autant sur ses gardes. Il y a évidemment les petits malins qui tentent de savoir qui doit tuer qui, mais les alliances, si elles sont possibles, sont risquées : dévoiler sa mission à quelqu’un, c’est aussi prendre le risque qu’il la répète.

                Il y a aussi quelques cas cocasses, où des concurrents doivent s’entretuer, avec des missions similaires : je devais par exemple faire danser ma victime sur du Claude François, puis m’agenouiller et implorer Cloclo d’accepter mon sacrifice, alors que ma victime devait danser avec moi sur deux musiques de suite. Et c’était amusant de voir les deux sur la piste, chacun étonné que l’autre soit aussi coopératif, et confiant d’en finir très vite, ne se doutant pas un seul moment que l’arroseur pourrait bien être arrosé. L’embêtant dans ce cas de figure, c’est qu’une fois tué, on se retrouve avec une mission un peu similaire, mais surtout une victime qui se méfiera forcément de nous, puisque c’est nous-même. Et là, j’avoue que je ne sais pas comment la partie se serait passée si on avait finalement opté pour un maître du jeu, mais comme certaines missions avaient en plus fuité, qu’on n’était plus que quatre, on a choisi de redonner une nouvelle mission et une nouvelle cible aux survivants. C’était une partie vraiment fun, sauf peut-être pour les participants décédés qu’on a entassés en pile dans un coin de la pièce, façon Timisoara.

Quelques exemples de mission :

  • Faire allumer une allumette
  • Appeler la cible par téléphone et lui annoncer qu’il doit mourir
  • Faire rire/faire peur

Clairement, il y a plusieurs niveaux de difficulté : il y a des gestes qui peuvent être difficiles à faire faire, voire un peu saugrenus et pistés d’avance : allumer l’allumette quand tout le monde a son briquet, ou danser des slows quand tout le monde est assis, c’est pas forcément la mission la plus facile. Par contre, faire peur ou faire rire, ça reste des choses simples, même si certaines contraintes peuvent pimenter la mission (pas plus de deux personnes présentes, par exemple). Et puis, il y a certaines missions qui sont vraiment déconcertantes de facilité, voire tout simplement nulles en fait, du genre « jeter un verre d’eau » à la tête de sa cible. C’est du coup très aléatoire.

Où les morts se relèvent… et retombent

                Comme on s’est bien amusé tout de même, on a choisi de refaire une partie courte, annoncée comme durant une petite soirée. Là, pour le coup, une fois qu’on est rôdés, une fois qu’on a un peu bu également, je peux vous dire que les morts s’enchaînent plus vite que dans Django Unchained. Des ribambelles de cadavres ont jonché la maison, il y avait du sang partout, on n’y voyait que misère et désolation. La partie a duré une heure tout au plus. Principalement parce que les défis étaient beaucoup plus faciles :

  • Faire manger quelque chose qui était dans son assiette
  • Embrasser quelqu’un de façon bruyante
  • Lui faire lire quelque chose…

Ca donne quand même parfois des scènes très drôles, comme quand Léopoldine* arrive dépitée vers Augustin, feignant d’être éliminée, en lui montrant un papier « Si tu lis ceci, tu es éliminé Augustin* ».

*Les prénoms de Kilian et Paméla ont été modifiés.              

Exemples de supplices.

Exemples de supplices.

C’est globalement un bon petit jeu, qui change des jeux de société traditionnels, puisqu’il permet de vaquer à d’autres occupations, voire de faire d’autres jeux, tout en installant une certaine ambiance, faite d’adrénaline et de tension, un peu comme quand le prof de français rendait les copies par ordre croissant en 5ème. J’ai adoré voir les têtes des victimes se décomposer, et passer du rire à la stupeur et à l’énervement. Et puis, on se croit un peu dans un film, avec une mission à atteindre, on est un peu agent secret. Le gros point négatif est finalement la faible rejouabilité du jeu : il  y a assez peu de cartes par mode, alors si on joue à une dizaine, on a vite fait le tour. Et si en plus vous avez lu cet article, c’est mort pour vous.

Je mettrai quand même un beau grand oui pour ce jeu, ça promet franchement une très belle soirée. En attendant d’essayer la version longue, lors de vacances peut-être.

 

Les +

Bon jeu fil rouge

Missions plutôt drôles

Ambiance spéciale qui s’installe

Trois durées de jeu

 

Les -

Peu de cartes, donc faible rejouabilité

Des parties quand même plus courtes qu’annoncées

Certains défis très (trop ?) faciles

 

Brigand de Brigand                     

(Noblesse oblige)                      

Publié dans Jeux

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K
Salut,<br /> J’ai pris plaisir à lire ton compte-rendu sur ce jeu. Effectivement, les règles sont simples et faciles à comprendre. À mon avis, ce jeu pourrait plaire à ceux qui souhaitent animer leurs soirées.
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B
Bien entendu, "avec le sourire".
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T
Bonjour. J'aurais voulu savoir comment peut on réussir la mission le septième sceau du killer party ? Je suis bloqué et je ne sais pas comment y parvenir..